Raclures-racailles.
Enflures-canailles.
Crapules-arsouilles.
Petites tâches de couleurs sur le kleenex en boule accroché là, bêtement, malencontreusement au chevalet. Le mouchoir a atterri comme un oiseau. Il pendouille donc depuis comme une plume, abandonné à mes déplacements d'air et à mes soupirs de zombie.
Depuis trois jours (ou peut-être trois mois), c'est le bordel dans l'atelier: peintures-pagailles, crobards-fripouilles, châssis éventrés, dépouilles délicieuses de silhouettes esquissées.
Exquises girouettes ratées.
Ebauches de déserts.
Iles flottantes.
Des cadavres exquis surgissent du pêle-mêle non artistique qui règne dans la pièce: c'est la rencontre fortuite et dégueulasse d'une petite cuillère et d'un tube de peinture sur ma table de
dissection.
Munchaussen, le noble syndrôme.
Clône-baron en chaussettes.
Symptôme à la con.
Orteils-pinceaux.
Soies de porc.
L'étroit petit cochon.
Je sais que du noir se trouve sous ce rouge et je suis seule à le savoir. Nananère. C'est consternant.
Faux, le chat aussi le sait, mais a priori il s'en fout, et a posteriori il semble s'en
foutre tout autant. Lui aussi est en boule, bêtement, malencontreusement endormi dans la boîte à chiffons.
Toiles sans
maître.
Ciel sans étoiles.
Miel d'abeilles.
Ramage déplumé.
Ange écrabouillé.
Je suis embourbée dans des associations d'idées malfaisantes. Il règne ici une ambiance de marmelade. Ce mélance easy de rouge et de jaune est amer, of course.
Page blanche.
Nuit noire.
Crayon gris, de bois, de buis, de fer, comme une croix.
Début de l'histoire. Point. Gomme. Déchire, encore. Crache par-terre, pour conjurer le sort.
Try again.
Repeat after me: "the pig is pink", homme sweet homme, t'as encore oublié ton foulard sur l'abat-jour-poubelle...
... et aussi ce kleenex qui pendouille depuis 10 ans.