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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 09:29

baroc w15 0701 cAvant sa métamorphose, la marquise était chauve, décapitée de ses atouts. Elle buvait, fumait, se vautrait, s'enlaidissait, pourrissait, mourait. Un jour, elle a trouvé une perruque, des gants, un masque, et son corps a pris une sorte de forme.

 

marquise sourdeDes soupirs...

Elle s'est mise à fréquenter des rois...et des voleurs. Chacun voulait acheter son silence, alors qu'il était gratuit. Chacun souhaitait secrètement dévoiler son corps, alors qu'elle n'en possédait pas. Chacun désirait cambrioler son âme, alors qu'elle n'en avait plus, déjà vendue, troquée contre un serpent à plumes !

Elle en a donc fabriqué une autre, plus souple, plus rouge, plus charnelle, une âme à fleur de peau et de sang, à la tige immense, sans feuilles et sans racines. Une âme qui plane, sans attaches. Une âme sans dieu. Elle est parvenue à être un pur esprit séducteur, trompant, jouant, détournant l'utile en agréable, usant de la vie comme d'un article de jeux. Elle ne voulait rien, prenait tout, avalait l'air plus qu'elle ne le respirait, effleurait plus qu'elle ne tatait, pénétrait abusivement les choses et les êtres, manipulait ses peurs et ses souvenirs.

Elle n'avait pas d'amis, juste des compagnons, mais de fortune. Elle n'avait pas d'amour, juste des prétendants à l'amour, des ignorants sans innocence. Elle n'avait pas de parents, juste un passé évaporé. Elle n'aurait pas d'enfants car elle n'avait plus de ventre. Elle n'aurait ni amants, ni maîtresses, insufflerait le désir de périr en ceux qui auraient souhaité la faire soupirer.

 

marquise au bâton... et un chat

La marquise avait un chat chaussé d'escarpins, un mistigri bleu à la peau de chagrin, un troubadour qui charmait ses oreilles à fendre les pierres, effronté et velu comme l'effroi. Il se promenait en feulant à tout va, il disparaissait parfois quelques jours, au fond d'une fontaine, ou au pied de l'unique pensée tatouée sur l'épaule gauche de la marquise.

A chaque escapade, il était plus petit, jusqu'à atteindre la taille d'une mouche. Il se posait délicatement sur le corset dentelé de la marquise et devenait le témoin invisible de chaque tentative d'inspiration. Bien que l'objet de nombreuses attentions, en tant que mouche, on ne lui faisait plus de mal. Il pouvait se promener sur le satin épidermique de sa maîtresse, tantôt à la commissure des lèvres, à lécher quelques restes de lait, tantôt au coin de l'oeil, à rincer le sien, tantôt en haut de la cuissarde couleur chair, à tenter l'impossible.

Il se glissait parfois, sous le satin, parvenant à cet impossible. La marquise se tortillait alors de convulsions hystériques, chatouillée par les moustaches du servil serval. Elle s'évadait, gants ouverts, perruque écartée, masque derrière la tête! Le frottement des froufrous remuent-déménageaient, faisant hennir les silènes, réveillant les voisins humains qui appelaient les pompiers ou la police pour venir à bout de ce tintamarre aux accents étrangers de polka.

 

Depuis quelques jours, la marquise m'écrit de sa solitude. Je ne l'ai pas revue depuis qu'elle m'a vendu une vie.

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 11:21

"Le Cabaret des Trente Glorieuses, c'est trop fin pour être trash, ma belle! C'est de plus en plus troublant, pas si évident et ça laisse ainsi libre cours à notre imagination et à nos phantasmes, alors, heureuse?"

30 glorieuses 02

J'aime cette nouvelle version, certes équivoque mais qui me parle plus que l'autre. Ou bien je saisis mieux, ou bien je suis de plus en plus confiante, à force!!!!!! Depuis la première version, je me laisse titiller par les délicieux délires d'une certaine "La Ramos" qui est l'instigatrice de ce spectacle mi-cabaret, mi-poême. Je ne me lasse pas du sentiment d'inquiétante étrangeté que ce spectacle fait naître en moi. J'aime l'incertitude qui plane au dessus des performeurs, j'aime cette façon frontale (par la mise en scène et les costumes?) et pourtant ambigüe (par l'interprétation?) d'aborder le thème du désir,  j'aime aussi le mariage de la vielle (Rémy Gastambide) et de la guitare (François Fournier) ...

30 glorieuses 01

J'aime l'ambiguité véhiculée par les interprétations d'un Stanislas Briche à hauts talons blancs, et la sirupeuse femelle qui l'embobine, se tortille, se déhanche et tente notre diable sur les chansons d'un Gainsbourg nouveau.

30 glorieuses 03

Le public est un peu désorienté, mais séduit, certainement parce qu'il est désorienté d'ailleurs, mais désorienté par rapport à quoi? à ses attentes? à la nécessité d'aller au-delà de ce qui est montré? à l'envie d'aller trop loin?

Difficile d'exprimer avec des mots le ressenti, inutile aussi peut-être. J'ai tant de points d'interrogation qu'il va falloir que j'y retourne... pour ajouter d'autres points d'interrogation, et surtout pas, oh non surtout pas, de réponse!

lien vers le site du cabaret des Trente Glorieuses

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 16:30

"Vanités, de Caravage à Damien Hirst", au musée Mayol, jusqu'au 28 juin 2010, on se promène humbles ou vaniteux...



logo musée

Je me disais, allons-y voir des crânes, encore, puisque c'est la mode et que je vis dans mon époque! Après les tee-shirts, les trousses d'écolier, les catacombes, les danses macabres, les gommes, qu'est-ce que j'avais encore besoin d'aller me repaître de cette image?

Je vous dirais bien: allez-y, la promenade, bien que relativement chère payée (11 euros), vaut tout de même qu'on s'y attarde.


Des crâneurs?

Bien sûr, le crâne évoque fatalement (ah ah fatalement!) notre fin irrévocable, mais je serais tentée de voir en lui plutôt une structure, une charpente, vouée à s'écrouler lorsque la "déco" (peau, cheveux, viscères, ongles) aura fané. Tel un immeuble qui s'éffondre dévoré par les termites, le squelette disparaît dévoré par la vermine. Il est vrai qu'au milieu de ces crânes vides ou habités parfois par de petites bêbêtes, on peut perdre et oublier l'âme. A chaque artiste alors de rendre une âme à ces oripeaux que contemplent d'autres oripeaux en devenir.

philippe-Cognee (Philippe Cognée)

Le crâne, s'il est lié au mort dans notre imaginaire, n'est pourtant qu'un stade avancé du corps pourrissant, il n'est pas "l'ultime" étape de la décomposition, puisqu'il n'est pas encore poussière, puisqu'il est encore apparant et témoin de ce qui fut. On ne nous donne pas à contempler une mort invisible, mais un reste de vie tangible, quelques instants avant son anéantissement. Sans le crâne, le mort, comme le vivant d'ailleurs, n'aurait pas de visage, on ne pourrait pas s'y projeter et l'absence d'image, comme l'oubli, serait insupportable. Notre vanité (fragilité?) nous pousse à lui donner un visage, comme les impies donnent un visage à Dieu. Petite lâcheté ou grande appréhension mêlée de répugnance? Dans le désespoir ou la folie, face à l'inéluctable, on s'accroche aux branches, même quand elles sont mortes... et on n'ose pas nommer "l'arcane n°13".



marc-quinn (Marc Quinn)


Si les diamants du crâne de Damien Hirst ont été remplacés par des mouches, c'est pour mieux nous précipiter de façon frontale, devant l'horreur de la chair dévorée. Sans notre chair, nous ne sommes pas. La vie ne peut pas être sèche, elle a besoin de liquide, d'eau, de sperme et de sang.

A ce stade de mes rêveries, j'ai scotché devant l'oeuvre de Damien Hirst "La mort de Dieu" où un crâne, au front et au menton duquel sont verrouillées deux lames de couteau, trône au centre d'une toile ronde et blanche, me faisant penser à un cadran solaire (le dieu Râ, la chaleur de la vie, le temps...). Je l'aurais préféré par terre plutôt qu'accroché à la verticale, mais il y aurait eu danger...

Et que dire des papillons, symboles de vie et de transformation, accrochés au crâne argenté de Philippe Pasqua?

philippe-pasqua (Philippe Pasqua)


De la légèreté ?

Niki de Saint Phale et Annette Messager (tiens, des filles!), viennent donner une apparence de légèreté à tout ça: le crâne de Niki de Saint-Phale, posé à terre et aux couleurs primaires chères à cette artiste, a un nez rouge en forme de coeur retourné (nez rouge de clown amoureux ou de buveur invétéré ?), on n'est pas si loin de ses "nanas" dans lesquelles on peut s'engoufrer et retourner à la mère (à la terre?).

annette-Messager (Annette Messager)

La sculpture d'Annette Message est constituée de gants tricotés aux ongles en forme de crayons de couleur. Elle me rappelle les cours d'école, les moufles, les coloriages... l'enfance trépasse elle-aussi.


Du plaisir ?

Oui, celui de contempler les oeuvres d'artistes trop rarement exposés comme Clovis Trouille ou Paul Delvaux...

 

On prend le temps de se poser des questions, en accord avec notre contemplation, dans un lieu propice, et c'est en soi suffisant pour se rendre à cette expo.

 

Autre article lié aux vanités ICI

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 11:24

Vous ne connaissez pas le Samovar à Bagnolet? Dommage pour vous, dommage de ne pas découvrir ce lieu de rencontres où vous pouvez croiser des clowns hors circuit, magiciens et magiciennes, artistes complets qui dansent, chantent, vous font rêver et posent parfois une petite larme au coin de votre oeil.

Le Samovar n'est pas un cirque classique, c'est un théatre ouvert aux arts du rire, où on sent bien que la joie est une émotion.

samovar logo

Hier soir j'ai ri aux larmes (si, si!) en assistant aux pérégrinations sautillantes d'un personnage qui traverse la scène extrêmement rapidement (trop rapidement) et vous fait tourner en bourrique avant que vous ne découvriez qu'il s'agit de jumeaux (Luis Javier et Miguel Angel Cordora Pelegrin) , un numéro intitulé "les anneaux indomptés" où le duo constitué classiquement du magicien et de sa partenaire vous emporte ensuite dans un délire de quiproquos et de ratés... très réussis. 

J'ai ri aussi devant Fanfan et Marco, couple hors norme constitué d'un pianiste et d'une chanteuse qui vous filent des hoquets de rire lors de leur interprétation très personnelle du "Deshabillez-moi" de Juliette Gréco, à la fois grotesque (c'est un compliment) et poignant.

Et que dire de Pénélope, clownette qui "meuble" le plateau en attendant un magicien qui a disparu et qui ne viendra donc jamais. Elle bafouille, se perd et nous comble de jeux de mots naïvement lancés à nos esprits tordus.

Et plein d'autres, excellents... dont ce Monsieur Loyal (Alexandre Pavllata) avare de parole, à la timidité maladive et qui ne semble pas bien comprendre ce qu'il fait là, dont cet amoureux de Beethoven (Christian Tétard) qui pète un plomb et malmène son violon et son archer, dont les hotesses d'accueil  (Amandine Voiron et Maryvonne Beaune odieusement licenciées mais enfin libres!

Le Samovar organise aussi le "Festival des clowns, des burlesques et des excentriques" du 19 au 21 mai 2010 et du 26 au 29 mai 2010. En principe, ce festival a lieu sous chapiteau et j'y ferai encore une escapade, comme chaque année... Je vous invite à découvrir ces spectacles de qualité, et si le trajet vous fait peur, ce n'est qu'à quelques minutes du métro "mairie des Lilas" où vous êtes accueillis en fanfare et menés par cette fanfare jusqu'au lieu où vous serez complices de crimes truculents!

Pour en savoir plus, visitez le site du Samovar: le samovar à Bagnolet


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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 12:01

meduse blog w15

Méduse, si elle change en pierre tous ceux qui la regardent, n'en a pas moins un coeur de chair. Je la voulais humaine, chasser le monstre qui nous terrorise et nous anéantit.

Méduse, fière de sa chevelure? Point de serpents, point de pétrification, c'est elle qui s'abandonne à l'extase, comme à une sorte de petite mort. Elle se libère du corps souffrant, elle nous sauve indirectement en nous interdisant de la regarder dans les yeux. Elle se donne à voir, encore plus nue parce qu'elle est sans corps, encore plus seule car sa tête flotte, séparée du reste, séparée de la terre, séparée des autres, un esprit libre, certes, mais fragile car sans moyens. Elle pleure devant la beauté de ce qui la dépasse. Elle s'émeut de ses crimes sans repentir, juste la douceur/douleur d'affronter la réalité, de sortir du souterrain, de quitter le miroir. Elle ne provoque pas l'effroi, juste la mort.

 

Avant qu'elle ne perde la tête, elle était folle. 

gorgon w15

Le regard de biais, elle attaque par derrière, surprend, abonde de paroles nauséeuses/sirupeuses, se dévoile, et jette son venin comme d'autres jettent leur dévolu. Elle danse et piétine le désir qu'elle suscite, pour mieux te méduser, mon enfant...

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 18:17

L'ange Heurtebise, était.... un ange de la mort... Jean Cocteau le rencontra dans un ascenseur (c'est la marque de l'ascenseur, en vrai...). Heutebise était pourtant invisible.

narcisse w20

" La mort de l'ange Heurtebise fut la mort de l'ange, la mort Heurtebise fut une mort d'ange. Une mort d'ange Heurtebise. Un mystère du change, un as qui manque au jeu, un crime que le pampre enlace, un cep de lune, un chant de cygne qui mord. Un autre ange le remplace dont je ne savais pas le nom hier; en dernière heure: Cégeste."

Extrait de "l'Ange Heurtebise" de Jean Cocteau (recueil "Opéra")

 

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 14:21

Dans la série "coups de coeur", c'est la deuxième fois que je me fais attraper par le personnage! Mon premier coup de coeur était sans raison, comme il sied à un coup de coeur.

J'avais été conquise:
1/ par une idée: celle de la diva morte,

2/ par une image: celle de la diva morte,

3/ par une sorte d'allégorie: celle de la diva morte
ad libidum.

Ce coup de coeur était issu d'un monde virtuel. Il était acrylique et sublimation.

angela-transbury-w.jpg (Acrylique sur toile, en 2007)

Et puis voilatipas que j'ai vu Angéla Transbury sur scène, lors de la soirée "POP instants" où elle s'était un peu masculinisée et Klausnomisée puis au vernissage "Peeping you" où elle fut une zombie qui donne envie d'être mort!

angela transbury, dead diva

J'ai su pourquoi je l'avais aimée sans la connaître, bien que "savoir" soit un mot peu approprié, disons plutôt que mon intuition a été confirmée, approfondie, réalisée.

angela thierry w15P(huile sur toile, mars 2010, 55x33cm)

Plus qu 'un personnage, plus qu'une apparition, Angéla est une personne. Elle est tendrement extravagante. Elle bouge et chante comme si rien d'autre ne pouvait être, comme pour nous emporter dans son au-delà. Cet "au-delà", quand on s'y promène, s'avère être un "en-dedans". Son univers ne nous appartient pas, on y glisse et on s'y laisse entraîner, librement. On ne se sent pas violé, on se sent outrageusement pénétré, ce qui ne revient pas au même!

Angéla me fait penser à "ange est là", un ange de la mort vive, aux tripes en forme de voile de mariée, épouse improbable de ce qui nous habite. Elle a la faculté de subjuguer, sans oublier quelle nous donne envie de remuer notre popotin sur sa musique!

angela thierry w15Evidemment, il y a le moment où on découvre celui qui est dans Angéla,
celui qui est son âme ou celui dont elle est une substance, mais celui-là, c'est son secret!


Je ne sais pas très bien dans quel sens tout cela fonctionne, et c'est aussi ce qui me touche personnellement: cette dualité, ces métamorphoses de notre "moi" qui s'avèrent être plusieurs, sans lesquels nous ne sommes pas,  et qui ne sont pas sans nous, ces "moi" qui au bout du compte ne sont qu'un et constituent l'unicité complexe de nos personnes, bla bla.


Au delà de la fête et de la danse, par delà la musique, l'excentricité et ce que certains jugent superficiel, Angéla me fournit les réponses à une question que je ne savais pas formuler: "Comment est-ce que moi, je danse?"

thierry crane w15

thierry-hamlet w ok("Vous dansez?", huile sur toile, 55cm x 46cm)

Mon premier coup de coeur pour Angéla était plus pudique et il date un peu.... Angela Transbury, la Dead Diva

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 12:16

Dans la série "coups de coeur"....

 

mathieu huot w 01Est-ce que je sais, moi, qui est ce garçon? Désolée, mais tout ce que je sais, c'est qu'à chaque fois que je l'ai croisé il avait la patate, un sourire éclatant avec plein de dents et un parler à la fois soyeux et volubile. Le Mathieu que je connais est rose, orange, vert, doré, pailleté. Il porte des chapeaux haute forme, des boas colorés, des vêtements qu'on ne voit pas dans le métro, de toute façon je me fiche bien de le croiser dans le métro, puisqu'on peut le voir dans ses spectacles.

Comme il le dit lui même l'ordinaire ne suffit pas à le satisfaire, et c'est un vrai bonheur que de croiser cet animal là! oui, oui, un animal, ou plutôt une bête, mais une belle bête, et humaine. La bête humaine, c'est d'ailleurs le titre de l'un de ses spectacles.

Ce qui surprend dès qu'il ouvre la bouche pour chanter, c'est une voix grave et puissante à faire frémir un bataillon de cosaques, et là, je peux vous dire qu'on a plus qu'à subir avec délice les extravagances du personnage. Mathieu vous emporte dans un "I can get no satisfaction" où Mick, David et Iggy revisités par un Lolito déchaîné, n'ont plus qu'à aller se revêtir d'une petite laine...euh, je me laisse peut-être un peu aller là...

Je serais restée scotchée à ma chaise si je n'avais pas été prise d'un sursaut qui m'a allongée debout! Quand Mathieu s'y met, ce sont des ressorts qui vous poussent aux fesses et vous obligent à tendre le cou, l'oreille et tout ce qu'on peut tendre pour mieux voir, mieux entendre ou mieux aimer!

Dès la première soirée HP "hors programme" à laquelle j'ai assisté, j'ai été immédiatement séduite. Nous avons tous été séduits par l'ensemble des comédiens, dont le rythme serait insoutenable si nous n'étions pas accordés, mais j'en reparlerais plus tard...car pour le moment, il s'agit de Mathieu Huot (je chouchoute , je sais...)



mathieu huot wAbandonnée à l'enthousiasme que ce trublion avait semé en moi, j'ai eu envie de le croquer... comme un chamallow, miam. J'ai exploré frénétiquement ses albums photos et me suis jetée comme une affamée sur une photo prise par Fabien Gardin. Je tenais ma prochaine série: je veux peindre Mathieu, je veux peindre des gens colorés, des personnes dans les regards desquelles je m'abandonne parce qu'elles me charment, me font plaisir et parce que je les aime!

 

Huile sur toile (55cm x38cm)

 

 

Mais ceci n'est qu'une facette, et pour savoir un peu plus qui est ce garçon et les surprises qu'il nous réserve: www.mathieu.huot.com

mathieu Huot en incroyable

mathieu huot (salome)

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30 mars 2010 2 30 /03 /mars /2010 12:29
Commentaire sur une IRM ou "la traversée de l'Europe"

Aujourd'hui, levée à 6h00 pour une expédition introspective à la clinique située rue de Turin. Un petit bouquin sur les oeuvres de Sophie Calle m'accompagne au fond de la poche droite de mon manteau, de quoi s'évader dans le métro et de quoi tripoter lors de la marche (la couverture est toute ramollie par les pressions de mes petits doigts nerveux à l'idée de subir une injection).

Sortie à "Europe", je me suis un peu perdue et ai traversé Constantinople, fait un détour par Dublin, Saint-Pétersbourg pour atterrir aux Batignoles où j'ai dû revenir sur mes pas afin de trouver le bon numéro de la rue de Turin, en évitant soigneusement Moscou et Bucarest, ce qui m'aurait éloignée et mise en retard sur le rendez-vous (7h45, nom d'un chat ce que c'est tôt!). Il faisait encore sombre, les rues étaient tapissées d'un jaune qui s'est brusquement volatilisé pour laisser place à un voile gris entre chiens et loups du mâtin... il devait donc être 7h30 précisément.

Petite attente raisonnable puis deshabillage dans une cabine soigneusement fermée à clefs. J'ai échangé ma longue robe noire et mon col 85% acrylique-15% polyster contre une seyante petite nuisette bleue en papier légèrement transparent. Un jeune homme en vert m'a accueillie en énumérant les consignes et précautions. Il m'a demandé de choisir le bras où il allait me piquer: "Comme vous voulez, de toute façon, j'ai la trouille" (là, j'ai pensé un peu aux nonnes de Clovis, histoire de décompresser). Le jeune homme a eu un sourire éclatant, rassurant et chaleureux qui m'a fait fondre avec mes angoisses. Au moment où il a piqué mon bras droit, j'ai senti l'aiguille sous ma peau et ai pensé que j'étais nue sous ma petite robe et que ce jeune homme était bien charmant....

Nouvelle attente en cabine puis passage dans la salle des mystères. On m'a allongée sur un sofa de skaï crème-chaude, revêtu d'un papier échappé d'un rouleau de sopalin géant. En face de moi, au bout de mes jambes étendues, entre mes orteils: une glace sombre derrière laquelle j'apercevais l'homme en blanc, celui qui allait tout savoir de mon cerveau dans quelques instants.

Un casque sur les oreilles et me voilà partie pour un voyage au creux du tunnel. On m'avait prévenue que le bruit serait terrible, mais il n'était pas suffisant pour couvrir mon acouphène, ce qui m'a permis de me sentir encore moi-même.

J'allais être allongée durant un bon quart d'heure, avec des anges invisibles qui me traverseraient la tête.
Comment passer ce temps?

Outre les bruits de marteau-piqueur, il subsistait en arrière plan une sorte de mélopée hypnotisante qui m'a fait penser à de l'électro stylée new wave, et c'est à ce moment là qu'a surgi Lemmy Caution, tout droit sorti de mes souvenirs d'Alphaville. Il était rassurant avec son imper et sa cigarette. Sa voix grave ajoutait un peu de douceur au tintamarre environnant. Il me regardait, débonnaire, comme un papa.

Ensuite, presque douloureusement, mais si peu, je me suis sentie possédée, ou dépossédée, ce qui étrangement, revenait au même. La pression exercée dans mon thorax, ma respiration contrôlée, l'obligation de ne pas bouger m'ont rapidement transformée, à l'insue des observateurs, en une sorte de créature mi-Dark Vadorette, mi-Barbarella. Ah, les anges qui me traversaient la tête avaient tous le corps et le visage somptueux de Pygar.

pygar1

Pygar, cet ange un peu kitch, aveugle et amant de Barbarella, que j'avais oublié et qui avait été l'objet de nombreux fantasmes adolescents (il y a d'ailleurs eu un autre ange dans ma vie, il s'appelait Heurtebise, et je suis désolée pour l'infidélité matinale à cet ange là!). Magnifique moment entre rêve et réalité sous la contrainte hospitalière.

J'étais donc Barbarella et mon sommeil d'un quart d'heure me transporterait dans un examen médical que j'avais décidé de vivre comme un voyage intersidéral. Alanguie dans les bras puissants de Pygar, je survolais mon corps dans un corps à corps immatériel mais néanmoins épidermique. Je me laissais prendre par la chaleur étouffante des plumes séraphines et par le bercement de la musique quand le jeune homme en vert est venu me dire que c'était fini. Lui ayant envoyé un "déjà!", il m'a répondu qu'en général, les gens trouvaient que c'était long! C'est qu'ils n'avaient pas la chance d'être accompagnés par Pygar, eux...


Et puis, si je raconte cette petite histoire, c'est qu'on a rien trouvé dans ma tête, à part une cervelle peut-être, mais personne ne l'a évoquée... Je me demande quand même si mes rêves se verront sur les images... Et puis, il ressemblait un peu à Pygar, le jeune homme en vert...
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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 00:23

1/ Attrait irrésistible et paralysant exercé par le regard sur une personne, un animal
2/ Attirance qui subjugue, enchantement
Empr. au lat. class. fascinatio « enchantement, charme »

vera berkson
                      (croquis d'après une photo de Véra Berkson)

La fascination est liée au regard, elle tient de l'hypnose. Elle est séduction, envoûtement, ensorcellement et aurait ainsi quelque chose de diabolique, de surréel. Elle évoque un pouvoir magnétique, un aimant, ce contre quoi on ne peut pas lutter. D'ailleurs pourquoi le ferait-on?

Etre fasciné, c'est être désirant et vouloir rester dans l'état de désir.
La fascination a quelque chose qui pétrifie, qui neutralise celui qui en est l'objet, et qui pourrait être abusé... s'il n'en était pas conscient.


On consent à être fasciné, et on s'y trouve en pensant s'y perdre.

Elle est une névrose délicieuse. Le sentiment d'être pris répond au désir profond de vouloir s'éprendre. On peut s'y abandonner, et si on n'y prend pas garde, on peut s'y égarer.
On peut aussi utiliser son pouvoir pour se trouver. Ouvrir l'oeil sur le regard qui fascine, c'est ouvrir l'oeil sur soi: pourquoi suis-je fascinée? Est-ce mauvais pour moi? Où est le danger?
Le fascinant est un miroir qui reflète une réalité invisible, enfouie, cachée, et qui révèle.

vera_berckson
                 (Véra Berkson, acrylique sur toile, 24x19cm)
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  • Un parcours d'autodidacte, en dents de scie...
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