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28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 18:51
En cinq ans, Venise...

En cinq ans, Venise a changé.


Les chats libres se font rares, et les chiens en laisse ont investi la rue.
Les petites maisons des chats, bâties en bois, ont laissé place à deux toilettes chimiques réservées aux aficionados de la marche nordique. Les ombres des bâtons de marcheur semblent avoir dessiné des croix sur celles des chats et des pigeons qui se côtoyaient à cet endroit.
Des guitounes de souvenirs identiques ont remplacé "je love Venise" par des foulards, chapeaux, t.shirts semblables d'une échoppe à l'autre.
Le vaporetto a acquis son bip valideur de portillons.

En cinq ans, Venise...

Venise reste belle.


Son coeur organique, dont le centre se gangrène peu à peu, a explosé mais il reste sur les bords une palpitation de chair riche et goûtue, une odeur de marée croupie, une voix qui résonne, une nonne qui marche seule, un râle de clapotis qui emporte comme un sang le crépi des briques d'un rouge nu de douleur.

Ici, on mène ses morts en bateau jusqu'à l'île de san-Michele. Les membres du convoi prennent le vaporetto. Le noir du deuil se mêle alors aux casquettes et aux lunettes de soleil.
Les larmes s'évaporent avant de pouvoir couler. On arrive au cimetière entre peine et touristes discrètement honteux mais ravis d'assister à l'événement.

Cette seconde visite me laisse pour le moment des bleus vifs et impuissants. L'abus d'inéluctable me rend vaseuse et c'est à coup de poings que je tente de ranimer ma fuyarde de fée.

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 15:28

Qu'est-ce que c'est?

Située à Saint-Romain aux Monts d'Or, près de Lyon, une maison du village a été "chaotisée" par des artistes. Les murs ont été noircis, colorés de fresques et de portraits, on leur a donné une vie, cette vie qui naît du chaos.

Impressions

La demeure du chaos

Je traverse le village.

J'arrive à un croisement.
Je reconnais le mur de la demeure du chaos.
Je traverse la rue et je colle mon nez au mur. Je retraverse la rue pour avoir une vue globale: difficile, les détails ont la rage. Je retourne au mur.

Je longe le mur.
J'arrivé à l'entrée: catalogues et dvd offerts, je me sers.

La demeure du chaos

J'entre.


J'y suis, je suis dans le chaos: des voitures accidentées, des machines, de la rouille, un avion écrasé, un hélicoptère en vrac, des pneus, un crâne gigantesque qui nous surplombe.


La demeure du chaos

Je regarde.

J'ai des milliers d'yeux qui survolent et s'attardent sur ce qui les accroche: des portraits noirs et blancs sur les murs, des cubes de métal, des portes de métal, du métal froissé, écrasé, du métal qui a servi et qui ne sert plus dans son utilité première, des morceaux d'une civilisation éclatée sont posés ici et là.

La demeure du chaos

J'avance.


Je fais le tour du trou au centre duquel gît un météorite.

Je longe encore un mur, il est circulaire, ceint le trou, entoure le météorite de visages connus, de sculptures.

Une tombe où gît la connerie humaine se trouve là, sans autre épitaphe que celle que nous lui attribuons mentalement.

La demeure du chaos

Je me retourne.

Je marche.

J'avance et avancerai encore dans ce tumulte visuel.

Je m'arrête à l'orée d'une forêt de poutres métalliques. Je pénètre dans la forêt. je lève les yeux et je vois le ciel bleu derrière les nombreux tuyaux disposés en hauteur, au centre de cette forêt qui me fait de plus en plus penser à une araignée qui m'aurait attrapée dans sa toile.

Je m'imbibe de ces vestiges.

La demeure du chaos

Je continue.

Il y a plus de monde que je ne l'aurais cru, mais ce monde là est fait d'individus qui se croisent sans se bousculer. Nous nous regardons à peine, nous ne sommes pas disponibles, pour le moment nous avons tous la même attitude: découvrir.

Je découvre des allées aux allures de cimetière.

Je me sens étonnamment paisible.

La demeure du chaos

Je vois la maisonnette.

Je me demande qui est derrière les murs, qui vit là.

Et je me surprends à m'imaginer à l'intérieur, à imaginer la vue de l'intérieur, le café du matin avec ce paysage sous les yeux.

Encore une fois, je me sens en paix. Il y a ici un chaos qui pousse à la contemplation, du moins dans un premier temps.

La demeure du chaos

Je contemple donc.

Je me mets sur la pointe des pieds, je regarde en l'air, je regarde à droite et à gauche, et puis je m'accroupis devant un point d'eau qui me fait penser au dormeur du val même si cela n'a rien à voir, peu importe, je laisse mon esprit libre de ses associations d'idées.

La demeure du chaos

J'emprunte une ruelle.

Des combats silencieux sont en cours sur les murs des différents containers que je croise.

Les hommes ici n'ont pas le temps de se retourner pour me voir les observer dans leur bataille.

La demeure du chaos

Mes yeux s'ouvrent de plus en plus.

Je reviens souvent sur mes pas.

Je n'ai pas envie de partir.

Pourtant, je retournerai à la ville de laquelle je suis partie après être entrée dans le chaos duquel je viens.

Autres images de la demeure du chaos.
Autres images de la demeure du chaos.Autres images de la demeure du chaos.Autres images de la demeure du chaos.
Autres images de la demeure du chaos.Autres images de la demeure du chaos.Autres images de la demeure du chaos.
Autres images de la demeure du chaos.Autres images de la demeure du chaos.Autres images de la demeure du chaos.

Autres images de la demeure du chaos.

La demeure du chaos a besoin de notre soutien pour ne pas être détruite. Vous pouvez signer la pétition en ligne ici: PETITION

Site de la demeure du chaos

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19 décembre 2011 1 19 /12 /décembre /2011 19:42

retrouvé un bouquin sur l'étagère: "Scènes de rue",
aux éditions Mermon,
auteurs: Jean-Pierre Estournet & Bernard Begadi.

acrobates 2011.12.workin

bouchere workin xtin

fou-pronat 2011.12 workin 

jongleq workin xtin


ogre vege workin

 

 

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 16:34

Le stylo bille n'autorise pas les remords, c'est ce qui le rend effrayant et intéressant, surtout lorsqu'on ne gère pas très bien le dessin en général.

Ce blog me servant d'archives, j'y laisse aussi ces dessins au stylo, sans remords et sans regrets, imparfaits, mais je les aime aussi ainsi.

 

 

Hans Bellmer xtin

"Hans Bellmer"
stylo bille sur papier 21cm x 29.7cm
d'après des photos trouvées dans le livre
"Bellmer, le principe de perversion" par Pierre Dourthe
aux éditions Jean-Pierre Faure

 

 

 

mort1 xtin

"Mort en croix"
stylo bille sur papier 21cm x 29.7cm
d'après photo trouvée dans "Le livre des Morts" (originale ICI)
de Lizzie Saint Septembre
aux éditions Ragage

 

 

 

vaniteux cire xtin

"Vaniteux de Cire"
stylo bille et crayons de couleurs sur papier 21cm x 29.7cm
d'après photo trouvée dans un livre d'anatomie

 

 

 

petit frere xtin

"L'arrivée du petit frère", crobard pour une toile en cours
stylo bille sur papier 21cm x 29.7cm
d'après une photo de "Hans Bellmer et son jeune frère Fritz" (originale ICI)
trouvée dans le livre "Bellmer, le principe de perversion" par Pierre Dourthe
aux éditions Jean-Pierre Faure

 

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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 14:00

Quelques bonnes raisons de visiter Bruxelles:

1/ C'est à une heure et demie de Paris
2/ Dégommer les idées reçues selon lesquelles la Belgique est un plat pays, pas Bruxelles
3/ Il ne pleut pas toujours dans le nord
4/ Les Bruxellois ne sont pas stressés
5/ Les transports sont formidables: métro impeccable et simple, tramways, bus, pas d'attente!
6/ Quelques musées spendides dont le musée des beaux arts, celui des instruments de musique (à ne pas rater), et bien sûr le musée Magritte tout neuf.

 

Ce qui peut déplaire:

1/ Un peu tristoune dès que le soleil se cache, mais c'est aussi son charme
2/ Beaucoup de travaux nécessaires d'aménagement de voiries (les pavés ont tendance à se déchausser)
3/ Toujours concernant les pavés: augmente le niveau sonore de la circulation

 

 

Promenade à Bruxelles


bruxelles rues xtin

La flanerie s'impose, comme partout, mais attention, ça monte et ça descend et on est vite claqué. Quand on traverse la rue, on peut attendre un moment le signalement pour les piétons, voire ne pas avoir de feux du tout sur certaines grandes places qu'on traverse au petit bonheur la chance. Heureusement les chauffeurs bruxellois sont très courtois et s'arrêtent à la vue d'un piéton, ce qui est une qualité non négligeable.

 

 

bruxelles arbres xtinà gauche, le parc, à droite une oeuvre de Arne Quinze "The sequence".

 

Le grand parc de Bruxelles est un havre de paix. On peut s'y promener, s'asseoir sur un banc sans être importuné, si ce n'est par quelques corbeaux (très curieux).

 

 

bruxelles architectures xtinL'architecture disparate peut surprendre parfois...
(l'église Sainte-Marie en haut, le quartier du Centre Belge de la BD en bas)

 

 

bruxelles parterres xtin...quand on baisse les yeux (à noter: les chiens belges savent lire!)

 

 

bruxelles plafonds xtin...quand on lève le nez.

 

 

 

Transports

bruxelles metros xtinLe métro est très pratique, même si j'ai préféré usé du tramway, plus agréable quand il fait beau, et il faisait très beau. La carte de transport donne droit à l'utilisation de tous les modes de transport: métro, bus, tramway. Leurs passages sont très nombreux: on n'attend pratiquement pas.

A mon avis, le pass touristique qui donne accès au bus "hop tour" n'est pas intéressant, la brussels card est bien plus avantageuse: 4 jours de transport et de nombreux accès gratuits aux musées (pratiquement tous).

 

 

Les expos et musées à ne pas rater (à mon avis!)

 

Même si j'en ai visités pas mal, ces lieux sont ceux que j'ai retenus:

 

Le musée Magritte, parce que venir à Bruxelles sans traverser le surréalisme belge , ce serait un peu comme venir à Paris et bouder la Tour Eiffel. On commence la visite dans l'ascenseur durant la montée, on la poursuit avec la lecture du tract "l'enculeur", la contemplation de bouteilles-carottes, de l'hommage à Erik von Stroheim et bien d'autres oeuvres (peintures, publicités,photographies)...

 

Le musée des arts anciens et nouveaux "Musées Royaux des Beaux Arts", pour Brueghel (l'ancien, le nouveau et tutti Brueghel), un Dali et un Bacon, deux Delvaux, etc. et beaucoup d'art religieux dans la partie des arts anciens.

 

Le MIM (musée des instruments de musique) est incontournable: le batiment "Old England" est magnifique à l'extérieur comme à l'intérieur. La visite permet de découvrir des instruments anciens et rares, ce qui réjouit la vue mais aussi l'oreille puisqu'on vous propose gratuitement un casque qui vous permet d'écouter les instruments présentés. la cage d'ascenseur est un chef d'oeuvre à admirer en montant à pied par la cage d'escalier. Par contre, il y fait super froid. Heureusement la contemplation de vielles à manche courte, de tambours à fente, de tambourins en crânes humains, de trompettes en verre, de piano-girafes, piano-pyramides, piano-niches de chien, piano-lyres... a de quoi nous réchauffer.

 

En ce qui concerne la représentation de l'art brut et contemporain (je veux dire vivant et actuel) il existe un musée situé dans le Belleville de Bruxelles: le musée d'art spontané qui a un petit air de centre culturel associatif. Il abrite des oeuvres de jeunes artistes à découvrir. Le musée, bien qu'il possède de nombreuses oeuvres, présente une sélection réduite à une ou deux oeuvres par artiste, dommage. Quelques peintures m'ont interpellée mais, j'ai surtout retenu les sculptures de Stroff présentées comme des totems:

oeuvre de l'artiste STROFF

 

 

Quant à la BIP (Bureau d'informations touristiques), l'expo sur la ville m'a saoulée et je l'ai vite traversée, par contre, il y avait une expo sur la bande dessinée contemporaine qui m'a promenée un bon moment.
J'y ai découvert une présentation des éditions Fremok (entre autres), et (toujours entre autres) ai retenu les oeuvres de:
- Thierry van Hasselt qui peint à l'huile, chaque toile de petit format m'a raconté une histoire,
- Dominique Goblet et ses "hommes loups" présente une fresque d'images sur magnets qu'on peut déplacer à notre gré,
- Michaël Matthys qui dessine sur papier calque avec du sang de boeuf récupéré dans les abattoirs de Charleroi,
- Frédéric Cochet et ses supers héros sur super grands formats,
- Jean Christophe Long et ses linogravures au format carré et aux couleurs primaires, qui présentent des scènes de bondage légendées de questionnements, et des enfants à tête de dynosaures, "mon petit ange déchu",
- David Vandermeulen et ses dessins à l'encre dont le ton sépia évoque les films anciens,
- Benjamin Monti et ses silhouettes humaines dans lesquelles il insère des branches et des fleurs.


J'ai été plus intéressée par cette expo à la BIP que par le Centre Belge de la Bande Dessinée qui, bien que difficilement évitable et très agréable à visiter, reste axé sur les grands classiques (suis pas fan de Tintin, désolée) et m'a semblé moins ouvert aux nouveaux talents. Malgré tout je conserverai l'image d'un bel espace sombre consacré aux "idées noires" de Franquin.

 

Sans oublier une dernière surprise, à la librairie Saint-Hubert, une expo de portraits par l'artiste  MarieAnge "le fil rouge", parce qu'un fil cousu à la machine traverse les visages. Le commentaire de Caroline Lamarche donne envie de conserver ce fil en mémoire:
"Ce qui me touche, moi, c'est le fil rouge. Le fil qu'elle tisse, MarieAnge, en zig-zag, en oscillations régulières. Un fil ténu, mais tenu. Solide, sans interruption. Parfois même c'est le papier, un papier de rebut, récupéré, qui donne la trame. Superposer, piquer, coudre. Elle brode sur la frontière."

oeuvre de l'artiste MarieAnge


 

Bye-bye Bruxelles.

 

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27 septembre 2010 1 27 /09 /septembre /2010 11:32

Venise est un souvenir by x.tin

Ces impressions de Venise sont tatouées à vie dans ma tête:


Venise by X.tin Les reflets te mèneront à des réflexions qui te mèneront ailleurs, sans que tu saches vraiment où. Tu reconnaitras l'odeur de la vase à l'approche des petits canaux, l'odeur du soleil le long du Grand Canal, le chant du gondolier qui prévient ainsi de son arrivée, la turbulence des marchés aux mille tomates, les cris des livreurs qui tirent leurs charrettes à bras criant derrière toi des "attenzione! attenzione!" en guise de klaxons.
Les ombres et les lumières attaqueront tes yeux, n'oublie pas tes lunettes de soleil, ce serait dangereux pour ta vue.
 


giacomo wLes ombres du Carnaval, les histoires de fantômes, les légendes nocturnes te rattraperont. Tu chercheras un peu  Casanova, mais tu ne le verras pas, il se cache derrière les colonnes, sous les pierres, dans la prison froide à laquelle on accède par le Pont des soupirs: tes soupirs.

Tu verras de nombreux masques et tu apprendras que la "bauta" n'est pas un déguisement de carnaval mais ce costume composé d'un tricorne, d'un masque blanc et d'un manteau, qui dissimulait les femmes qui se rendaient au théatre et les hommes qui se rendaient anonymement dans des lieux où leurs épouses ne les accompagneraient pas.


Venise, campo Giacomo by X.tin Ici les semelles du temps sont décollées, alors tu avances lentement, la paume des pieds usée et engluée dans la vase. Le temps glisse sur les dalles inégales, et tu le suis, tu vas à son rythme.
Promène-toi dans les six quartiers de Venise, tente de suivre la numérotation des maisons, fais un jeu de tes promenades, erre entre le Canneragio et le Castello où tu trouveras peu de touristes, où tu pourras te poser sur la marche d'un puits avec la sensation que Venise a été faite pour que tu l'observes.


Venise, promenade sur le Zattere à Venise, by x.tin D'étranges corps verticaux sortent des eaux comme des bras tendus, sorte de sucres d'orge auxquels s'amarrent les gondoles. Tes moyens ne te permettront peut-être pas de glisser en gondole, peu importe, tu vogueras en vaporetto et tu finiras pas anticiper ses mouvements au son du moteur assourdissant. A chaque escale, tu te cogneras quand il s'amarre aux pontons. Ne va pas à l'avant, glisse-toi rapidement à l'arrière, assieds-toi sur la caisse ou sur l'unique siège qui tourne le dos aux passagers et regarde les palais défiler sous tes yeux. Va à  reculons, ne ménage pas tes sens et tu auras la sensation de quitter Venise, ce quiproquo sera si doux...
Prends le vaporetto 42, fais le tour de Venise, accoste sur les îles au hasard de tes envies puis retourne au vaporetto n°1, colle ton corps aux autres corps, agglutine-toi aux vénitiens et aux touristes, ce ne sera pas indécent, ça te permettra juste de ne pas tomber.


Venise by X.Tin Les directions n'ont pas de sens. Tu veux aller à droite pour longer un canal? Alors tourne à gauche et perds-toi dans les ruelles sombres où on ne peut pas passer à deux, tu longeras les murs, tu lèveras la tête pour vérifier si le ciel est toujours là. Il est bien là, tu l'aperçois derrière le linge qui sèche. Tu reconnaîtras les habitants à leur linge: certaines fenêtres sont bordées de couleurs, maisons d'enfants et de familles actives, d'autres étalent des vêtements noirs, maison de vieillards. D'ailleurs, Venise n'est pas tendre avec ses vieux que tu croiseras souvent, traînant leur petit chariot à commissions. Ils montent et descendent les marches, traversent les ponts, et s'éloignent lentement de ta vue. Au bout de quelques heures, tu reconnaîtras derrière toi le son de leur pas trainant. Pourtant, ils arriveront à destination avant toi.


Venise by X.Tin Partout, la brique est usée, mangée par le clapotis des eaux qui semblent calmes, mais ne t'y fie pas. Il arrive que la marée monte brusquement et tu seras surpris par la fraicheur des vagues sur tes pieds fatigués.
Hier tu étais passé ici, aujourd'hui c'est impossible, tu devras changer tes itinéraires, tu devras les abandonner, ta seule chance de te laisser haper par Venise, c'est de ne pas avoir d'itinéraire, alors range ta carte, perds-toi pour ne pas perdre l'essentiel, erre.
N'ai pas peur de prende la "calle della morte", j'en suis revenue.


Venise, Vaporettina au rialto

Tu iras voir la place San Marco, la basilique, le pont du Rialto, et puis tu t'échapperas comme tu peux de ce dédale touristique, mangé par les baraques de vendeurs de souvenirs. Tu choisiras des souvenirs qui ne s'achètent pas, tu dévoileras Venise doucement, tu caresseras ses masques, mais jamais tu ne les lui oteras. Passe derrière les rideaux, parle avec les chats libres protégés par la loi de Venise, ne perce pas le mystère, habite-le.


Venise, retour de Vaporettina

Je viens de rentrer.
J'ai reniflé chacun des vêtements portés durant mon séjour et c'est à contre coeur que je l'ai ai mis dans la machine à laver qui anéantira l'odeur de Venise que j'avais transportée jusque chez moi. Il faut dire que je suis tombée en voulant m'approcher d'un endroit sublime. J'ai descendu quelques marches, j'ai glissé et ma chute s'est arrêtée au bord de l'eau. Mon pied gauche a effleuré l'eau verte, ma main droite a caressé la mousse, la pierre a déchiré ma paume et la vase a recouvert mes vêtements. Je me suis fait un peu mal et j'ai fini ma promenade salie par les eaux boueuses et odorantes. J'aurais pu disparaître sans témoins, perdue au bout de ce calle bien nommé "calle degli assassini". Je ne suis pas tombée dans le canal, j'avais donc raté le remake de la chute de Katharine Hepburn dans "Vacances à Venise"....

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 16:30

"Vanités, de Caravage à Damien Hirst", au musée Mayol, jusqu'au 28 juin 2010, on se promène humbles ou vaniteux...



logo musée

Je me disais, allons-y voir des crânes, encore, puisque c'est la mode et que je vis dans mon époque! Après les tee-shirts, les trousses d'écolier, les catacombes, les danses macabres, les gommes, qu'est-ce que j'avais encore besoin d'aller me repaître de cette image?

Je vous dirais bien: allez-y, la promenade, bien que relativement chère payée (11 euros), vaut tout de même qu'on s'y attarde.


Des crâneurs?

Bien sûr, le crâne évoque fatalement (ah ah fatalement!) notre fin irrévocable, mais je serais tentée de voir en lui plutôt une structure, une charpente, vouée à s'écrouler lorsque la "déco" (peau, cheveux, viscères, ongles) aura fané. Tel un immeuble qui s'éffondre dévoré par les termites, le squelette disparaît dévoré par la vermine. Il est vrai qu'au milieu de ces crânes vides ou habités parfois par de petites bêbêtes, on peut perdre et oublier l'âme. A chaque artiste alors de rendre une âme à ces oripeaux que contemplent d'autres oripeaux en devenir.

philippe-Cognee (Philippe Cognée)

Le crâne, s'il est lié au mort dans notre imaginaire, n'est pourtant qu'un stade avancé du corps pourrissant, il n'est pas "l'ultime" étape de la décomposition, puisqu'il n'est pas encore poussière, puisqu'il est encore apparant et témoin de ce qui fut. On ne nous donne pas à contempler une mort invisible, mais un reste de vie tangible, quelques instants avant son anéantissement. Sans le crâne, le mort, comme le vivant d'ailleurs, n'aurait pas de visage, on ne pourrait pas s'y projeter et l'absence d'image, comme l'oubli, serait insupportable. Notre vanité (fragilité?) nous pousse à lui donner un visage, comme les impies donnent un visage à Dieu. Petite lâcheté ou grande appréhension mêlée de répugnance? Dans le désespoir ou la folie, face à l'inéluctable, on s'accroche aux branches, même quand elles sont mortes... et on n'ose pas nommer "l'arcane n°13".



marc-quinn (Marc Quinn)


Si les diamants du crâne de Damien Hirst ont été remplacés par des mouches, c'est pour mieux nous précipiter de façon frontale, devant l'horreur de la chair dévorée. Sans notre chair, nous ne sommes pas. La vie ne peut pas être sèche, elle a besoin de liquide, d'eau, de sperme et de sang.

A ce stade de mes rêveries, j'ai scotché devant l'oeuvre de Damien Hirst "La mort de Dieu" où un crâne, au front et au menton duquel sont verrouillées deux lames de couteau, trône au centre d'une toile ronde et blanche, me faisant penser à un cadran solaire (le dieu Râ, la chaleur de la vie, le temps...). Je l'aurais préféré par terre plutôt qu'accroché à la verticale, mais il y aurait eu danger...

Et que dire des papillons, symboles de vie et de transformation, accrochés au crâne argenté de Philippe Pasqua?

philippe-pasqua (Philippe Pasqua)


De la légèreté ?

Niki de Saint Phale et Annette Messager (tiens, des filles!), viennent donner une apparence de légèreté à tout ça: le crâne de Niki de Saint-Phale, posé à terre et aux couleurs primaires chères à cette artiste, a un nez rouge en forme de coeur retourné (nez rouge de clown amoureux ou de buveur invétéré ?), on n'est pas si loin de ses "nanas" dans lesquelles on peut s'engoufrer et retourner à la mère (à la terre?).

annette-Messager (Annette Messager)

La sculpture d'Annette Message est constituée de gants tricotés aux ongles en forme de crayons de couleur. Elle me rappelle les cours d'école, les moufles, les coloriages... l'enfance trépasse elle-aussi.


Du plaisir ?

Oui, celui de contempler les oeuvres d'artistes trop rarement exposés comme Clovis Trouille ou Paul Delvaux...

 

On prend le temps de se poser des questions, en accord avec notre contemplation, dans un lieu propice, et c'est en soi suffisant pour se rendre à cette expo.

 

Autre article lié aux vanités ICI

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25 septembre 2009 5 25 /09 /septembre /2009 11:46
Si vous avez l'intention d'aller à Florence, munissez vous de patience et oubliez votre aversion pour les touristes, ils sont (presque) partout, dont vous!



LES GROUPES:
J'ai été particulièrement choquée (ben oui) par les groupes qui visitent les musées au pas de course, écoutant leur guide qui les submerge de paroles sans leur laisser le temps de regarder puisque dès que leur speech est terminé, hop, on passe vite à une autre salle. Ceci a malgré tout un avantage pour les visiteurs solitaires, on est vite débarrassé d'un groupe avant qu'un autre revienne, il faut trouver la brèche dans laquelle s'engouffrer et éviter de porter attention à ces troupes aux regards tristes. Certaines personnes semblaient m'envier et ne sont pas près de refaire un voyage en troupeau!

PETITS CONSEILS:
Beaucoup de choses à voir, à regarder.
Prendre le temps.
Ne pas se laisser emporter par la vague et faire face à la tempête tranquillement, dans sa petite coquille de noix.
Regarder en l'air souvent.
Se munir de bonnes chaussures parce que si vous crapahutez beaucoup comme moi, vous aurez du mal à trouver des bancs pour vous reposer, au mieux des marches ou des églises (si si, certaines sont gratuites).
Réserver vos visites avant de partir, sinon l'attente peut être longue (1h00 au minimum, 3h00 en août).
Se promener au hasard en laissant son plan dans sa poche, et ne le sortir que si l'on est perdu.
Traverser l'Arno et ne pas se contenter de rester dans le centre.
Prendre le temps de parler avec les Italiens, même si vous ne parlez pas italien, ils apprécieront votre intérêt et ce sera donc réciproque. Pas de good morning mais plutôt un buongiorno, grazzie plutôt que thanks et vous aurez droit à un sourire et à un prego!
Si vous aimez les cloches, vous serez vernis, elles sonnent toutes les heures, même la nuit, et à 8h moins le quart, c'est le grand concert de carillons.


LE VOYAGE:
Ne désespérez pas, de toute façon, le train aura du retard: de 20mn à 1 heure 30 en moyenne, d'après les habitués (j'ai eu une chance particulière puisque le mien a eu 3h00 de retard et je suis arrivée à 10h00 au lieu de 7h15), alors attention si vous avez une correspondance (pensez aussi à prendre du PQ, parce que vous en manquerez si vous prenez le train de nuit, il est remplacé par des journaux, hé hé).

LE SYNDROME DE STENDHAL:
Vous ne l'aurez pas automatiquement mais des petits avertissements se feront ressentir à la vue de certaines oeuvres d'art. Pas de panique, changez d'oeuvre et revenez plus tard (moi j'ai pleuré devant la Méduse du Caravage, alors je l'ai croquée, ah mais!)








 


Arrivederci!
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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 14:11

Hier soir, 21 octobre 2008, au Zèbre de Belleville.

Denis Bortek, chanteur de Jad Wio fêtait son anniversaire et nous a proposé une comédie cannibale estampillée "shoot the moon". Un moment de grace partagée, où chaque personne était conviée à se laisser transportée par la voix de Bortek et par la présence magnifique des artistes  sur scène: musiciens, danseuses, trapéziste.

J'en suis partie la joie aux lèvres et me suis engouffrée dans le métro avec des papillons plein la tête. J'ai passé une nuit magnifique en rêves, sans angoisse, sans ces serrages de dents qui me brisent la machoire quotidiennement. Ce matin, dans mon lit, traînaient encore quelques étoiles, témoins de mes shoots à la lune.

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8 décembre 2007 6 08 /12 /décembre /2007 12:04

Je suis passée au vernissage de PAUL TOUPET cette semaine (l'expo est toujours en cours) et ses petits enfants-lapins m'ont profondément émue.

Ils vomissent des tresses et portent des masques.
Ils semblent tétanisés par un grand cataclysme, mais j'ignore s'il s'agit d'une catastrophe extérieure ou intérieure. Peut-être la perte de l'enfance? Peut-être la retenue de l'enfance?

Ils semblent si fragiles qu'on aurait envie de les prendre tendrement dans nos bras. Ils ne nous attendent pas, vivent leur histoire indépendamment de la nôtre, puis entrent doucement dans notre intimité pour, en toute liberté, promener leurs peaux de cire sur nos carcasses de chair.

Que se cache-t-il derrière leurs masques? Pourquoi sont-ils brûlés, carbonisés? Que leur est-il arrivé? Leurs regards ne sont pas à notre portée mais on les devine, on les imagine, on se les approprie en quelque sorte.  Ils forcent le respect car on se sent impuissant devant leur savoir et devant leur détresse qui n'en est peut-être pas une. Bien qu'apparemment enfants, ils n'en possèdent pas moins une expérience qui paraît sans age, qui dépasse de loin la nôtre et semble les avoir laisser là, offerts à nos mirages.

Ces créatures m'ont impressionnée, j'en parle mal, le mieux c'est d'aller à leur rencontre et peut-être trouverez-vous vos propres mots, à moins que leur silence ne vous laisse là, comme ça,  à faire travailler votre imaginaire plus que vos bouches ?

 

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  • X.TiN Peinture
  • Un parcours d'autodidacte, en dents de scie...
  • Un parcours d'autodidacte, en dents de scie...

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