Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 09:29

baroc w15 0701 cAvant sa métamorphose, la marquise était chauve, décapitée de ses atouts. Elle buvait, fumait, se vautrait, s'enlaidissait, pourrissait, mourait. Un jour, elle a trouvé une perruque, des gants, un masque, et son corps a pris une sorte de forme.

 

marquise sourdeDes soupirs...

Elle s'est mise à fréquenter des rois...et des voleurs. Chacun voulait acheter son silence, alors qu'il était gratuit. Chacun souhaitait secrètement dévoiler son corps, alors qu'elle n'en possédait pas. Chacun désirait cambrioler son âme, alors qu'elle n'en avait plus, déjà vendue, troquée contre un serpent à plumes !

Elle en a donc fabriqué une autre, plus souple, plus rouge, plus charnelle, une âme à fleur de peau et de sang, à la tige immense, sans feuilles et sans racines. Une âme qui plane, sans attaches. Une âme sans dieu. Elle est parvenue à être un pur esprit séducteur, trompant, jouant, détournant l'utile en agréable, usant de la vie comme d'un article de jeux. Elle ne voulait rien, prenait tout, avalait l'air plus qu'elle ne le respirait, effleurait plus qu'elle ne tatait, pénétrait abusivement les choses et les êtres, manipulait ses peurs et ses souvenirs.

Elle n'avait pas d'amis, juste des compagnons, mais de fortune. Elle n'avait pas d'amour, juste des prétendants à l'amour, des ignorants sans innocence. Elle n'avait pas de parents, juste un passé évaporé. Elle n'aurait pas d'enfants car elle n'avait plus de ventre. Elle n'aurait ni amants, ni maîtresses, insufflerait le désir de périr en ceux qui auraient souhaité la faire soupirer.

 

marquise au bâton... et un chat

La marquise avait un chat chaussé d'escarpins, un mistigri bleu à la peau de chagrin, un troubadour qui charmait ses oreilles à fendre les pierres, effronté et velu comme l'effroi. Il se promenait en feulant à tout va, il disparaissait parfois quelques jours, au fond d'une fontaine, ou au pied de l'unique pensée tatouée sur l'épaule gauche de la marquise.

A chaque escapade, il était plus petit, jusqu'à atteindre la taille d'une mouche. Il se posait délicatement sur le corset dentelé de la marquise et devenait le témoin invisible de chaque tentative d'inspiration. Bien que l'objet de nombreuses attentions, en tant que mouche, on ne lui faisait plus de mal. Il pouvait se promener sur le satin épidermique de sa maîtresse, tantôt à la commissure des lèvres, à lécher quelques restes de lait, tantôt au coin de l'oeil, à rincer le sien, tantôt en haut de la cuissarde couleur chair, à tenter l'impossible.

Il se glissait parfois, sous le satin, parvenant à cet impossible. La marquise se tortillait alors de convulsions hystériques, chatouillée par les moustaches du servil serval. Elle s'évadait, gants ouverts, perruque écartée, masque derrière la tête! Le frottement des froufrous remuent-déménageaient, faisant hennir les silènes, réveillant les voisins humains qui appelaient les pompiers ou la police pour venir à bout de ce tintamarre aux accents étrangers de polka.

 

Depuis quelques jours, la marquise m'écrit de sa solitude. Je ne l'ai pas revue depuis qu'elle m'a vendu une vie.

Partager cet article
Repost0

commentaires

M
<br /> je passe vraiment un bon moment c'est vraiment bien !!<br /> <br /> <br />
Répondre

  • X.TiN Peinture
  • Un parcours d'autodidacte, en dents de scie...
  • Un parcours d'autodidacte, en dents de scie...

Recherches Sur Ce Blog

PLAN DU BLOG

Depuis la nouvelle mouture d'over-blog, je classe mes archives qui ont disparu et vous retrouverez désormais des tags 2007 à 2013 en lieu et place des archives.

LES TAGS ci-dessous:

ERRER: regroupe des textes au gré de mes promenades. RACONTER: des textes souvent illustrés de peintures ou de dessins.

Tags