La boue des contes, c'est ce qu'on met dans la tête des fifilles: les histoires de fées, de prince charmant, de miroir, de beauté lassive, d'innocence passive. Les voyages initiatiques, plein d'aventures et de batailles, semblent réservés aux garçons. C'est qu'il va leur falloir se battre pour mériter une épouse tendre et soumise!
Elles sont nombreuses les princesses déchues, maudites enfants malmenées par une maratre, au un père absent mais à l'avenir radieux en compagnie d'un prince évidemment charmant. Et le charme
agit: on rêve, on chante, on se fait belle, on voyage au pays des terreurs enfantines sachant que tout finira bien, qu'on se mariera et qu'on aura beaucoup d'enfants. Et c'est là que le conte
s'arrête, il n'est pas fait pour raconter la vie, juste pour en constituer le terreau, nous amener avec une grande finesse à nous adapter, à nous préparer à ce bonheur pensé par d'autres, pour le
bien de chacun, pavant l'enfer de si bonnes intentions...
Il y a un couac énorme: on peut rester scotché, rechercher toute sa vie la peau de l'âne, être un boudin et se penser top-model, s'endormir en attendant de vivre, être conne par trop plein de rêveries.
La belle narcoleptique saigne dans son lit de ronces.
Blanche neige paie d'un long sommeil le fait de ne pas avoir su résister à la tentation.
Cendrillon fait un dédoublement de personnalité: souillon le jour, princesse à carosse la nuit (ça me fait penser aux jours et aux nuits de China Blue...). Elle va en baver avant qu'on
reconnaisse ses qualités de bonne ménagère et de bonne épouse.
Belle, amoureuse de la bête et lui ayant avoué, se verra flanquée d'un prince alors qu'elle avait craqué pour son côté bestial.
Peau d'âne échappe à l'inceste.
Et tant d'autres...
Une autre, qu'on oublie souvent, et que j'affectionne: la princesse au petit pois, si délicate qu'un petit pois sous son matelas l'empêche de dormir!
Ah les filles !!!!!