"Chaud-froid"
acrylique sur toile circulaire 30cm
Un chaud-froid est un met culinaire préparé chaud mais qui se mange froid. Il juxtapose le chaud et le froid, ce qui ne le rend pas tiède. C'est un jeu contrasté à l'attention de la langue. Il surprend le palais, il le titille, il le réveille, il n'est pas de tout repos.
Un clair-obscur est un procédé pictural de couleurs lumineuses préparées sur un fond sombre . Il juxtapose la lumière et l'obscurité, ce qui ne le rend pas tiède. C'est un jeu entre le divin et le terrestre à l'attention de l'oeil. Il suprend la rétine, il la titlle, il la réveille, il n'est pas de toute sérénité.
Le "clair-obscur", c'est aussi le nom d'un papillon de nuit attiré par la lumière.
L'oxymore est un procédé littéraire qui juxtapose deux mots au sens opposé. Il créée un sens nouveau que chacun peut comprendre malgré le paradoxe. C'est un jeu à l'attention de l'esprit. Il suprend les a-priori, il titille le cerveau, il le réveille, il n'est pas confortable.
Les graves et les aigûs se donnent la réplique en matière musicale. Leur rencontre, lorsqu'elle est volontairement contrastée, n'est pas qu'une osmose harmonique, mais une révélation du silence.
Le contraste oppose les inverses en les mariant sans les mélanger. Le contraste n'admet pas la fusion, ignore le sfumato, assume des contours tranchés, favorise les associations d'idées, oblige l'oeil à recréer le superflu qui adoucit les choses.
Le contraste est un procédé photographique où la courbe surprend la ligne droite. Le noir et le blanc ne s'épousent pas dans le gris, ils se font face. Le contraste, c'est une bataille sans guerre entre le positif et le négatif. Il sublime le quotidien, il est un chien de faïence en arrêt, aux aguets, comme un soi-même face à son miroir, comme l'alliance de solitudes qui ne se méprendraient pas sur leur rencontre.
A outrance, ces oppositions que sont le chaud-froid, le clair-obscur, l'oxymore, le contraste, renvoient de façon stéréotypée et universelle à une sorte de vision manichéenne et archétypale du monde, au yin et au yang, au désir de cerner les réalités absurdes, au besoin infini de comprendre, d'apprendre, de suprendre, de prendre, de révéler, de se faire peur pour mieux se rassurer, et de trouver un équilibre entre le besoin et le désir, entre le simple et le confus, le droit et le tordu.
PS. Toute la matière de cette article et l'envie de l'écrire sont
apparues suite à l'observation des photos de Lilou Tournesol
dont l'une a servi de déclic à la toile,
vous pouvez la découvrir ici.
Des images de Lilou Tournesol ICI.