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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 15:01

lynch by XTIN

 

david lynch by XTIN

 

David Lynch existe-t-il sous forme de pilules? Intraveineuses? Tisanes? Poudre?

La première fois, c'est comme toutes les premières fois, je ne comprends rien. La deuxième fois, je ne comprends pas. La troisième fois, je suis accro sans avoir été initiée, et je ne pense plus à comprendre pourquoi.

edward-hopperSi tu n'entres pas dans la peinture du film, le film n'entrera pas en toi, les couleurs resteront muettes, les mots n'auront pas de sens puisque les sensations n'ont pas de mots, néanmoins, les sons te pénètrent sans que tu y prêtes attention, c'est pourquoi....

 

Si tu ne baisses pas ta garde, voire si tu ne l'abandonnes pas complètement, tu resteras donc sur tes gardes, en garde à vous, figé, impénétrable et donc impénétré et sec.

 

 

 Peinture d'Edward Hopper "New York movie"

 

 

Hammershoi/HopperJe plonge dans des forêts, je prends des routes nocturnes, tantôt larges et droites, tantôt sinueuses mais elles sont sans fin.

Le désert ne l'est pas.

Une fourmi se transforme en sphinx, une bûche en oracle.

Les gens normaux  n'existent pas, et c'est rassurant.

Les bâtiments abandonnés sont peuplés de la mémoire des solitaires.

La lenteur est en mouvement perpétuel.

Le temps est coincé dans le sablier.

Le damier comporte des cases sans lettre et sans chiffre.

Les cartes sont jetées contre les dés. J'aime ce domino blanc comme un écran vide.

Si je cherche, je ne trouverai pas ce que je cherche. Si je ne cherche rien, je ne trouverai donc rien de ce que je cherche, ainsi les possibilités deviendront infiniment plus attrayantes, les découvertes seront libérées des convenances, les carcans rationnels exploseront enfin, les petits replis insondés seront enfin explorables.

Les réponses sont des questions ouvertes, comme des rideaux, disons plutôt ouvrables, dissécables. Les sentiments sont en kit, assemblables à l'envi, paper dolls, montage et démontage....

Le petit flic qui se promène dans ma tête se retrouve seul et sans arme. Killeur en uniforme, proteiforme, déformé, nu, dénué de rôle, sans action sur le rêve. Bon débarras.

Mon double est un mystère derrière lequel je cours, je ne me rends pas compte que je cours dans un miroir et que ce après quoi je cours me poursuit.

Je rêve devant le film, à moins que le film ne soit un rêve. J'acquiers la faculté de l'inexplicable, une perception de l'inaccessible, la possibilité de l'improbable ouvre grand sa bouche. J'y pénètre et elle me dévore.

 

Hammershoi/HopperDavid Lynch n'existe pas sous forme de pilules, ce qui est un grand bonheur. C'est avec soin que je m'en abreuve, en cure quotidienne pour une durée indéterminée, dans un but incompréhensible.

 

Ce traitement m'éloigne un peu du monde, mais ce n'est qu'apparence, il m'immerge dans ce dont  je m'éloignais.

 

Et plus je prends de distance, et plus je vois.
Et plus je survole, et plus j'observe.
Et plus je rêve, et plus je crois.
Et plus je prends de temps, et plus j'en ai.
Et plus je pénètre en mon "soi", et plus je m'enrichis.
Et plus je suis seule, et plus je me sens proche de toi qu'on appelle "les autres".

 

 

Peintures en vis à vis de Vilhelm Hammershoi et Edward Hopper

 

 

 

 

david lynch - spirale

 

lynch

David Lynch, play with me

 

 


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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 16:30

Nouveau coup de coeur, la suite d'une série qui me laisse dans le silence tranquille de mes coups de crayon.

 

J'ai passé quelques heures avec cette image, à la regarder, la dessiner, sur du papier, la reproduire sur une toile blanche, la regarder encore, l'observer. J'ai passé quelques nuits à poser des couleurs qui n'étaient pas les mêmes dans la journée, j'ai beaucoup fumé en la contemplant,  j'ai peu dormi. J'ai passé la dernière nuit dans le rose et le violet, dans le chaud après le froid, dans le feu. C'était un réveillon qui n'a pas entendu minuit. J'ai terminé à 2 heures 30 et j'ai encore beaucoup fumé en la regardant. Puis je me suis endormie.

 

polichinel 2010.12 XTIN

Sans coups de coeur, pas de coups de crayon, pas de coups de pinceau, pas de couleurs sur les toiles qui  resteraient  blanches et vides, dans leurs emballages de plastique, le code-à-barres du magasin tatoué sur le dos, comme des choses inutiles.

Sans coup de coeur, pas de coup de nerf, pas de sursaut, pas de beauté dans mes yeux qui resteraient noirs et vides, sous leurs volets de peau, dans leurs larmes d'eau, la marque du temps tatouée sur les paupières, comme des organes inutiles.

 

 

Polichinel ici n'a pas de bosse et sa comédie est tendre. Polichinel porte un masque qui porte un visage...et je pense à Hans Bellmer, ou à Molinier pour qui "les masques ont un visage".

Une marionnette, c'est toujours un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, l'âme du marionnettiste. A moins que ce ne soit elle qui l'anime lui? Sans marionnette pas de marionnettiste, sans ficelles pas de théatre, sans histoire pas de décor, sans besoin pas de désir, sans osmose pas de liens? Et que ferait le marionnettiste de ces fils s'ils venaient à se détacher, que ferait-il de cette liberté?

Expliquer  rompt la magie, alors... nous partageons ensemble ces bonbons offerts durant le spectacle, avec  un peu de musique, un peu de rêve, un peu de beauté, et du feu aussi.

Chacun, entre le plein et le vide, repartira avec ses silences, Polichinel aussi.

Nous avons partagé nos solitudes, nous nous sommes croisés, nous nous sommes mélangés et ça aurait pu ne pas arriver.

 

Touchée, alors  j'attends le prochain spectacle.

 

dna xtin
Croquis d'après une photo de Polichinel par  Lilou

polichinel by XTIN

Le "worK in progress" ICI

 

 

 

Polichinel se produira à la Cantada (13 rue Moret, paris 11),  le 5 mars 2011, à bon entendeur...

Une vidéo de Polichinel ICI et là...,  et son site ici

 

 

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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 20:11

 

bortek marie XTIN

Deuxième troc artistique:

une photo de Denis Bortek par Philippe Levy contre le portrait sur toile de Marie shot the moon.

 

Un échange que j'ai pris comme ça: 1 image contre 1 image. 1 portrait contre 1 portrait. La boucle. La boucle limpide se noue toute simple sur chaque paquet cadeau.

Troquer son travail, c'est plus que le vendre, c'est le céder contre autre chose, c'est un peu de soi qu'on échange symboliquement. Chaque partie cédée crée un espace libre très rapidement comblé par la nouveauté. Il ne se produit pas de manque, mais un souvenir de la toile peinte. Elle a disparu de ma vue, et je ne peux qu'y penser, tendrement. Elle est partie vivre sa vie, s'est installée au dessus d'un piano, d'après ce qu'on dit... Dorénavant, elle respire.

 

PS. En fait elle est retournée chez sa mèèèèèèère.

 

 

troc précédent, le 1er avec Emisphères

 

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13 novembre 2010 6 13 /11 /novembre /2010 11:58

cri feebrile XTIN

Retrouvailles avec un personnage qui m'avait fascinée durant mon enfance: Isadora Duncan morte étranglée par son voile, lors d'une promenade en voiture, machine infernale de la providence. 

Combien de fois j'ai rêvé de cette femme au destin tragique, à la vie tragique. Cette femme qui dansait sans tutu, nudité voilée, de ce voile qui lui coûta la vie. La tragédie grecque vivante, à l'état d'être, elle perdit ses enfants en voiture aussi, plongée fatale dans la Seine... Destin étrange qui déteignit sur mon adolescence comme un souvenir personnel.

silence feebrile XTIN

Isadora était génialement incorrecte, danseuse à peine vêtue, amoureuse passionnée, bisexuelle. Elle a traversé la vie les pieds nus. Repose maintenant en cendres et en paix au Père Lachaise.

isadora duncan 2010.11

 

 


Un tilt émotionnel provoqué par ces photos de Féebrile qui me font remonter le temps.

ISADORA feebrile XTIN


silence FEEBRILE 2010.11




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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 09:55

ma fee pourquoi XTIN

Un texte de Marianne Essentialités m'a paru plus approprié que n'importe laquelle de mes élucubrations:

Il était, plusieurs fois,
des histoires,
racontées pour faire peur aux enfants,
en passe de devenir ;
des histoires,
...optimisant la culpabilité,
la soumission, la dévotion,
l’infériorité ou la supériorité d’un sexe envers un autre,
d’un état d’esprit envers un autre ;
des histoires,
avec, toujours, une petite fille,
princesse ou paysanne,
naïve ou prétentieuse,
orpheline, mal aimée,
pauvre et heureuse,
ou bien riche et malheureuse,
belle, et bête,
laide et éveillée,
charmante ou pernicieuse ;
des histoires,
avec, des princes, des loups,
des bêtes monstrueuses,
des belles mères, des rois,
des fées et des forêts,
sombres et profondes,
avec de gros crapaud hideux ;
des histoires perverses,
bien souvent racontées, le soir,
pour que l’enfant, ait bien le temps de les ingurgiter,
pendant la nuit,
afin qu’elles imprègnent son futur,
d’impossibles désirs,
d’innombrables craintes et autres cauchemars,
afin de pouvoir marquer au fer rouge,
cette vierge conscience, offerte ;
un jour, la petite fille à tout vomi,
le crapaud, le prince, la belle mère,
elle a tué sa grand mère,
éviscéré le loup,
égorgée la bête,
poignardé barbe bleue,
brûlé le château,
rasée la forêt,
couchée avec les sept nains,
mangé le petit Poucet,
soudoyée la sorcière avant de cracher sur le prince ;
et puis, elle a levé la tête,
s’est vue dans le miroir,
l’a décroché, a regardé derrière, mais n’y a rien trouvé ;
a posé la question, la fameuse question ;
sa mère l’a vue, toute ensanglantée,
toute échevelée,
a voulu prendre le miroir, qui lui était cher,
mais l’enfant l’a lâché et il s’est brisé ;
la petite fille est partie,
la mère a pleuré, le père s’est suicidé, le grand frère s’est marié ;
la petite fille est partie, la mère a vieilli ;
la sorcière soudoyée a cru tromper l’enfant
en lui montrant plus loin, dans le pommier, sur le chemin,
un fruit rouge et juteux,
qu’elle devra donner
à son enfant prochain ;
la belle enfant ne la cru point,
elle s’en alla,
les mains en sang,
d’avoir fait taire toutes les embûches que sa marâtre,
triste et jalouse, avait tenu de ses ancêtres,
elle s’en alla,
les mains en sang,
libre et joyeuse,
cheveux aux vents,
guettant bien, son premier amant,
sa première maîtresse,
armée du miroir cassé,
qu’elle gardera dorénavant,
petit morceau brisé
enfoncé dans le cœur,
qui lui rappellera au détour du chemin,
le loup,le prince, la sorcière, et les sept nains.
                                                   Marianne Essentialités

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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 11:15

L'une est Marianne, elle écrit.

L'autre est Aurélie, elle photographie.

Toutes deux gravent sur papier.

 

Ayant eu l'occasion de les rencontrer l'une et l'autre, mais séparément, leur rencontre artistique me touche d'autant plus personnellement. Le rapprochement de ces deux univers opère immédiatement tant il est palpable que ces deux là on su s'apprivoiser, les images de l'une faisant écho aux mots de l'autre (et le contraire fonctionne aussi...).

Tout me paraît double dans cette rencontre, toutes les questions peuvent se poser face aux réponses:
- femmes
- mots et maux
- écrits et cris
- chère chair
- dits et silences
- rires et larmes
- corps sujet et objet
- solitude et reflet
- face à face
- jusqu'au fond ou/et jusqu'au bout
- noir et blanc
- plein et vide
- essence et absence
- toi et moi
- terre et envol
- instant et éternité
- toujours et jamais
- ad libidum et cetera.

 

Marianne dit:

"Les élans purs,
si simples
passent toujours pour folie,
obsessionnelle folie douce
alors qu'il suffit d'écouter,
de déguster,
de prendre,
simplement."

Aurélie répond "Déchirure".

puis Aurélie dit "Ecriture".

Marianne répond:

"Les êtres aux élans purs,
si simples,
                     je veux dire, dépouillés de toute prétention,

devraient pouvoir appliquer leur principe d'existence sans le miroir des convenances."

- Sans droit, sans obligation, sans intérêt, sans volonté,

- Par empathie, en osmose, touchée, avec nécessité,

j'ai eu envie de crayonner sans réflexion-pensée mais avec réflexion-miroir sur un instant qu'elles nomment "L'essentiel".

J'ai eu envie de voyager dans les ombres et les lumières, envie d'embrasser ces mots écrits, de lécher le sang dans l'encre, rougir les mots dans la chair, me laisser aller à cette fragilité exprimée avec tant de force dans les images, en un mot: me faire capturer.

 

J'ai eu envie d'offrir un clin d'oeil au silence éclatant de ces deux femmes: une petite étoile qui s'est échappée de moi après avoir semé sa magie.

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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 13:13

La pratique artistique ne nourrit financièrement que quelques-uns, elle peut affamer les autres...

Face au manque de moyens ou à la sélection dans l'usage de ces moyens, le nécessaire passant avant l'agréable et supposant ainsi que l'agréable n'est pas une nécessité (mais bon....), nous est venue une idée à Emi et moi: échanger nos oeuvres.

C'est ainsi qu'a eu lieu mon premier troc artistique: un coup de coeur contre un autre, une toile contre une photo, un échange de reconnaissance mutuelle.

TROC w

L'échange est intéressant car il montre l'intérêt que chacune a porté au travail de l'autre. L'absence d'aspect financier a, me semble-t-il et dans mon cas, permis de compenser une absence: celle de l'acheteur, d'ajouter une présence réelle: celle de l'amateur. Le troc a permis également d'ajouter au travail de chacune une valeur impalpable bien que concrètement exprimée: une délicate satisfaction bilatérale.

 

Troc suivant: Marie Shot the Moon

Lien vers le site de Emisphères, photographe plasticienne

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 11:07

extase et silence

Voilà, il faut bien finir par reconnaître les choses, non? Je traverse une période "croquage de garçons". C'est venu petit à petit, sans que je m'en rende compte. Un mec par-ci, un boy par-là, l'un porte la barbe quand l'autre porte des faux cils, l'un est roi et l'autre est queen, l'un porte un chapeau claque et l'autre un corset... et alors? Je fais ce que je veux, mettre des moustaches à une fille ou des talons à un garçon n'est que le signe extérieur d'un besoin de jouer et de rompre avec les codes vestimentaires tout en les utilisant. C'est aussi une envie d'aller au-delà du dictat de la norme qui mène à l'incompréhension, à l'irrespect puis au sectarisme, et enfin au fanatisme, lequel n'évolue pas sans violence. Transcender la femelle et sublimer le mâle qui sont en moi, c'est inviter le "je" de l'autre... Je vis dans l'ambigü, il fallait bien que je l'assume un jour, que j'en fasse quelque chose de palpable et de réel: des toiles, des dessins, par exemple... pour commencer, parce que tout ça prend du temps.

 

raul , l'homme qui rit

J'ai à l'esprit ce titre d'Elizabeth Badinter "l'un est l'autre", qui trotte et fait son propre chemin, en s'éloignant nécessairement des propos que l'auteur tient dans son livre, acquérant ainsi une liberté nouvelle, personnelle et épanouie. L'égalité n'est pas l'identité (dans le sens "identique") mais échange, la similitude est présente dans la différence et sans dissemblances, pas de ressemblances, pas de curiosité, pas de nouveautés, pas de surprises, juste le confort douillet (dans tous les sens du terme) et aveugle de ce qui ne questionne pas, sans douleur ni plaisir. Sans le vide, pas de plein, sans ombre, pas de lumière. "C'est bateau" tout ça pourrait-on dire, certes, mais il n'empêche que nous ramons plus sur les sujets communs que sur les extravagances, donc je rame...

 

Et puis, je les aime, moi, tous ces garçons qui me font craquer et que je croque (ne m'en veuillez pas les copines!!!). Je me surprends même à ressentir une sorte de sentiment maternel, ou plutôt fraternel, à leur égard, peut-être dû à l'affect porté par le crayon ou induit par le pinceau, à moins que ce ne soit un autre problème qui intéresserait sans doute un psy mais qui, si tant est qu'il s'agisse d'un "problème", ne m'intéresse pas moi-même sur ce plan.

 

mathieu huot

Amusant aussi le terme de garçon plutôt que celui d'homme. Ceci vient certainement de souvenirs écoliers où on mettait les filles d'un côté et les garçons de l'autre, comme s'il fallait, dès le plus jeune âge, imposer une séparation entre les genres, empêcher la rencontre, forcer la différence (ah ben, des fois qu'elle ne soit pas si évidente!). Je me souviens, en tant que fille, avoir été maltraitée dans la cour de la maternelle, par certains garçons, petits dictateurs de la cour d'école qui sont certainement devenus de bons pères de famille aujourd'hui. Mais, je me souviens encore plus avoir joué aux indiens avec mon cousin, et je n'étais pas un garçon manqué (quel mot horrible). Je me souviens avoir passé des heures à coiffer des poupées avec un ami d'enfance, je me souviens aussi, mais c'était plus tard, du goût prononcé de certains amants pour mon armoire...

"Boys, boys, boys", peu m'importe vos penchants pour l'un ou l'autre sexe, peu m'importe que vous vous jouiez ou pas, peu m'importe les évidences et leur contraire... ce qui m'importe le plus, ce sont des choses bien simples: les rencontres, la fête, la beauté, la liberté, et l'amour quand ses bras sont ouverts (oui, l'amour a des bras...).

J'aimerai toujours voir les amoureux s'embrasser,

les mariés de la pentecote

et les jongleurs jongler...

jongleur

 

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 10:06

Croquant tranquillement d'après une photo de Pierre Pascual, suant sur le costume d'Arlequin, triturant les carreaux et les couleurs, les mains noircies par le crayon, les doigts arc-en-ciel, m'est venue en tête le poème d'Arthur Rimbaud "Voyelles". Il m'a accompagnée durant tout le croquis. Quelle est la couleur du A? et celle du O? Quelle est la couleur du do? et celle du fa?

Comme un air inattendu qui s'est glissé sous la gomme, a longé le baton de bois du crayon, s'est couché sur le papier...

 

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silence traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -

Arthur Rimbaud

pierre pascual, croquis pour J'aime ce texte qui associe les sons et les couleurs. Il sied particulièrement à ce crobard, ébauche d'une toile en cours où les doigts ont trempé dans la couleur posée là, comme un clavier, où chaque touche, de noire et blanche se métamorphose en une palette de couleurs vibrantes et dansantes.

Cette peinture prend du temps, et c'est une première pour moi. Attendre qu'une couleur sèche pour en poser une autre. Ne pas faire de fondu, mais des contrastes bien évidents. Ne pas dépasser les bords de chaque carreau. Conserver l'énergie qui se dégage du personnage. Faire déborder cette énergie de la musique vers la couleur.

La toile prendra sa place ici, bientôt, pour le moment elle est posée sur le chevalet, et reçoit, chaque jour, un nouveau coup de pinceau.

Librement, j'y jetterai mes couleurs primitives. A ne sera pas noir mais sera rouge. E ne sera pas blanc mais orange. I ne sera pas rouge mais jaune. U restera vert. O restera bleu et infini; étonné, il s'échapera des lèvres comme un dernier souffle, ou comme les premières paroles d'une chanson. Le noir et le blanc seront pour l'Y que je ne veux pas omettre, et, parce qu'il est batard, il se dissimulera dans le collier.

Pierre Pascual est musicien, c'est peut-être pour ça que j'ai entendu des sons différents pour chaque couleur?

 

Le site de Pierre Pascual (en concert le 23 mai 2010 au Bataclan): lien vers le site de Pierre Pascual

 

La toile, en juin 2010:

Voyelles (pierre pascual)

 

 

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 13:42

venus de milo

"Un paysan trouve, dans son champ, les bras de la Vénus de Milo.
A qui appartiennent-ils? Au paysan ou à la Vénus de Milo?"
Jean Cocteau (de mémoire)

 

Hermaphrodite louvre

Indissociable pour moi de "l'Hermaphrodite" dont elle est si proche au Louvre.

 

 

venus santa w15

Elle évoque la Santa Lirio de Jodorowsky, vierge amputée de ses bras  et déesse vénérée dans "Santa Sangre". Elle est la psychée de cette histoire oedipienne où Fénix, le fils,amputé de sa mère, se fait "bras" pour la mère amputée.

Le fils est objet.
La mère n'est pas une piéta.
La scène du piano est magnifique. Le fils est assis derrière sa mère, assise au piano. L'un se joue de l'autre. Tout se joue. Les dés sont jetés comme des corps, l'un sur l'autre. Fénix est une  sorte d'automate porté par la légèreté blanche des plumes. Fénix devient la mère. On commence à comprendre... euh, faut voir le film.

 

 

 

des venus de milo

En recherchant "Vénus de Milo", pas trouvé grand chose sur le personnage, beaucoup sur la statue. L'image de "la Vénus" est un standard, au même titre que la Joconde.
On lui fait faire ce qu'on veut, contrairement à Mona Lisa. Elle est en mouvement, elle fait quelque chose.

 

 

 

Et puis, j'ai trouvé MA Vénus de Milo. Je ne lui ai ajouté qu'une épaule.

flo milo w15

Elle est née de Flow (du groupe "Blue Cat").

"Flow" m'a fait pensé à "flots", à "Vénus dans les flots", à "la naissance de Vénus", à "Vénus de Milo", à "Louvre", à "Hermaphrodite", à "bras coupés", à "Santa sangre", à "rouge". A aucun moment, je n'ai songé à un chat bleu.

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  • Un parcours d'autodidacte, en dents de scie...
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